Résumé du livre
Sauf à oublier ce qui a fondé notre culture, il est malaisé d'imaginer que l'écriture ne soit pas un mouvement naturel, ou que la statuaire, ou l'art des masques, ne relèvent pas justement de l'art tel que nous l'entendons. Pour ceux dont la mémoire émanait de l'oralité, le passage d'une forme d'expression à l'autre était une preuve de "civilisation". Un lyrisme nourri d'infra-langage (si présent encore chez Senghor), armé de la tradition rythmique de l'incantation, doit nécessairement rechercher une alliance nouvelle de l'esprit et des mots.
C'est, me semble-t-il, dans cette voie que s'engage l'oeuvre poétique de Kama Kamanda. Il rejette toute écorce exotique, et toute facilité. Il pétrit "l'argile inerte / dans la masse des songes en restant fidèle à sa géographie - à ses "mers intérieures". Ce poète dont la sincérité panique est évidente aujourd'hui a su préserver ce qu'il y a de primordial chez un artiste ; c'est-à-dire ce temps retrouvé, où plongent les intuitives racines de l'être, qui fait que ce qu'il écrit ne peut l'être que par lui et non par d'autres.
Il y a dans ces poèmes brefs, d'une économie toute classique, une osmose presque constante du concret et de l'idée, de la sensation et de la pensée ; une osmose naturelle, comme originelle, qui privilégie le mot juste - celui qui ne peut être remplacé - ; et la simplicité dans l'expression de la douleur ou de la joie, au profit de l'intériorité. Le plaisir, la douleur ou la peur ne sont-ils pas des alliages de la chair et de l'idée, sinon de l'imaginaire ? Cela ne se traduit que lorsque le poète a su faire alliance avec les mots.
Claude Michel Cluny
Éditeur | L'Harmattan |
Format | Livre Broché |
Catégorie | Sociologie |
Langue | Français |
Parution | 04 - 1997 |
Nombre de pages | 242 |
EAN | 9782738452931 |
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