Eloignement conjugal et construction identitaire : le cas des femmes de marins

Les femmes de marins sont définies, au moins pour ceux qui les désignent comme telles, par la profession de leur conjoint. <> Il est vrai que le métier du marin scande la vie conjugale et familiale sur un rythme à deux temps : une brève, la cohabitation, une longue, la séparation. Pour autant, les femmes de marins ne sont pas uniquement vouées à l'attente.

En partant d'une enquête sur une population particulière, celle des femmes de marins sur thonier, résidant pour l'essentiel à Concarneau ou dans les communes environnantes, l'auteur soulève un coin du voile qui occulte généralement ces vies très particulières. Plutôt que de mettre l'accent sur l'absence physique d'un conjoint, d'un père qui ferait défaut, l'étude interroge les formes actives que prend la gestion de l'éloignement. Comment les femmes assurent-elles la continuité des relations conjugales et familiales malgré l'éloignement ? Comment se construit la place du père dans la famille ? A quelles réinterprétations donne-t-elle lieu ? En fonction de quels arbitrages les femmes exercent-elles ou pas une activité professionnelle ? Au-delà de la description monographique, il s'agit d'étudier comment des femmes, placées dans un contexte spécifique, construisent leur identité et réinterprètent à leur facon les modèles existants.