Le trou Mahaut

Quand la pauvreté s'annonce, lorsqu'elle ne frappe même pas la parte pour envahir, il n'y a pas beaucoup de réactions possibles... On déprime, on s'engueule, on fume des Camel, on tâche de survivre, on regarde la télé, on déjante.

Puis, lorsque la télé est détruite par un religieux aussi juvénile que dément, on fait n'importe quoi : an construit une église en briques de lait, on parle aux mouches, on se fait tripoter par sa soeur... Tout ça pendant que la grand-mère mange des cornichons, qu'on replonge dans le sein maternel, que le grand-père s'amourache de statues et que Bruce-Vernon tente désespérément de devenir un saint.

A moins que la misère sait bonne conseillère. Et c'est ainsi que par des moyens aussi simples qu'efficaces, tels que la prostitution, le chantage, la pratique du faux et de l'usage de faux, l'utilisation curieuse de l'électroménager, la fabrication de muscat frelaté, l'escroquerie, la prévarication, le meurtre, l'ascèse, la magie noire, une famille du Hainaut réussit joyeusement à remonter la pente, et cesse de tirer le diable à quatre avant que le héros vende du cirage artisanal, grâce à Honoré de Balzac. Ou, du moins, à son personnage Félix Grandet.

A ceux qui recherchent un roman orthonormé, mangent et lisent maigre, ce livre est fortement déconseillé. Se régaleront les lecteurs amateurs du troisième degré et plus, ceux qui n'ont pas froid aux yeux, les gourmets d'une littérature où le sens et les sens sont bousculés. Le palais littéraire est au festin.