Solange ou L'école de l'os

La mère est morte. Le fils parle. Sur le cadavre de la mère, un verbe féroce, frôlant la barbarie, qui se déverse en saccades infinies. La langue gicle, seule matière vivace, organique jusqu'à l'insoutenable.

«sommes-nous autre chose qu'un os ?» demandera le fils. Dans cette veillée funèbre, nul ne répondra ni ne pourra répondre. Face au désespoir, seule la violence de la voix qui traverse le texte semble s'imposer. Une voix soufflant à en faire disparaître les majuscules.

«nous ne pouvons être que des romantiques (et dans certaines régions de saletés crasses par pure exubérance). mais moi, peut-être, je sens à ce point particulier du crâne et du nerf un tapis d'embryons morts, sous mon âme : un tapis d'embryons morts.»